Du local et du global dans la Littérature camerounaise d’expression française : le cas de Pondah de Louis Marie Ongoum

Publié le par whisperingsfalls/Noke Simon Francis

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Du local et du global dans la Littérature camerounaise d’expression française : le cas de Pondah de Louis Marie Ongoum

 

NOKE Simon Francis

Doctorant en Littérature et Civilisations africaines,

Université de Yaoundé I

                                  

 

INTRODUCTION  

 

            Dans l’introduction à son ouvrage intitulé Panorama du roman africain, Charles Larson affirmait déjà dans les termes suivants, ce qui marquait à son avis l’ensemble de la création littéraire des écrivains africains de la « première heure » jusqu’à nos jours :

     Si nous considérons la littérature comme un produit de l’expérience collective de la société dans laquelle vit un écrivain – de la somme des idées et des expériences présentes dans la conscience totale d’une société – alors, l’écrivain africain est bien le chroniqueur de cette ouverture progressive du monde africain qui s’éloigne de la société villageoise refermée sur elle-même pour aller vers une conception du monde aux horizons plus vastes.

Si un tel point de vue, dénote aujourd’hui un ancrage de l’écrivain africain à sa société devenue par la force des choses hybride, car articulant deux mondes différents (l’africain et l’occidental/ le traditionnel et le moderne) que dire de Louis Marie Ongoum dans son roman Pondah? Du fait de l’environnement de sa création, marqué par la course du pays (le Cameroun) vers le modernisme afin de juguler la crise économique déjà à ses trousses, peut-on montrer une certaine ouverture de l’œuvre littéraire à la réalité mondiale ? Si oui, en plus des éléments particuliers à la réalité camerounaise (le local) qui seraient explicités dans l’œuvre, qu’y a-t-il de global, en référence à une culture universellement assumée ? Enfin, le roman Pondah peut-il se targuer d’être le terrain d’expression d’une certaine transculturalité ?

DU LOCAL DANS L’ŒUVRE PONDAH  DE LOUIS MARIE ONGOUM

 

S’il faut voir en le terme « local », une référence aux caractères particuliers et identitaires qui font qu’une œuvre littéraire ait une localité, des éléments propres à une certaine géo-culture aisément décelable par ses éléments traditionnels, qu’y a-t-il de local dans Pondah ?

Le local dans le roman africain est déjà et avant tout cet arrière-plan culturel indicateur d’une certaine identité, d’un réceptacle traditionnel reconnaissable au travers de nuances, de portraits, de figures ou simplement des éléments empruntés plus ou moins directement des aspects frappants de l’oralité et des traditions culturelles africaines. Ces aspects originaux font l’écho d’une identité camerounaise en général et singulièrement de l’identité culturelle bamiléké dans l’oeuvre Pondah.

Louis Marie Ongoum, à ce sujet ne tarit pas d’illustrations des différents aspects de cette culture tout au long de son œuvre. En un point, l’on pourrait affirmer que la culture bamiléké est mise à un piédestal d’une hauteur impénétrable. La société narrée dans l’œuvre semble même une société précoloniale, l’homme y est raconté dans les différentes phases de son existence : la naissance, la vie sociale et la mort.

La naissance, comme période de la vie de l’homme bamiléké, trouve un large écho dans l’œuvre Pondah. Avant la cérémonie de dation du nom, c’est l’accouchement difficile de Mamo, la mère de Pehmba, qui révèle les nuances subtiles de la culture bamiléké qui, dans les durs moments de son existence, n’oublie pas de s’abandonner aux prières propitiatoires adressées à Dieu ou encore aux esprits des ancêtres par l’intermédiaire du culte des mânes. Cet abandon permet à la divinité ou aux ancêtres de prendre place dans la vie de l’individu  afin de lui accorder par la sincérité des paroles qu’il élève vers eux catharsis ou libération à la situation gênante qui menaçant l’équilibre de la vie social nuit à la continuité de la vie dans sa large acception.

La dation du nom à l’enfant au cœur du pays imaginaire Weg-Nok, en réalité un pays bamiléké, a lieu huit jours après l’accouchement. Avant ce temps, l’enfant n’a pas de nom. Il est un être que l’on ne peut pleurer s’il venait à quitter le monde brièvement pour le pays des morts. Dès la dation de son nom, l’enfant est en quelque sorte une personne comme tout autre et considéré comme tel. Il est gavé de cadeaux autant que sa mère qui reçoit les plus grands soins et les plus grandes marques d’attention. Cette dernière est massée à l’eau tiède pour apaiser les douleurs de l’accouchement et peut s’offrir à la relaxation et surtout aux mets et délices culinaires les plus succulents comme le Nkwi, apprêté pour elle spécialement par ses proches, aux vertus médicamenteuses et apaisantes pour les femmes ayant connu les affres de l’enfantement.

Ici, l’enfant, source de toutes les convoitises est « un anti-destin : c’est une fortune inestimable. Plutôt que de n’en pas laisser au crépuscule de sa vie, il vaut mieux n’avoir pas vécu ». Toute la famille (les vivants comme les morts) participe au miracle de la naissance et se partage quelques que morceaux de viandes tués pour l’occasion et distillés avec du vin de palme.

La vie sociale avec son cortège d’habitus y est racontée dans un souci de détails frappants. Les pourparlers de mariage et le mariage ne manquent pas de montrer le rôle de l’oncle maternel dans la société bamiléké et la très grande place donnée au langage figuratif, imagé et proverbial dans toute la société semi-bantou. Le style oral, marque particulier des contes, des légendes maquillent les portraits du texte et remplissent l’esprit des traditionalistes d’idées nostalgiques.

La vie paysanne exige un rapport particulier de l’homme avec ses animaux domestiques qui, au même titre que leur maître, dorment sous le même toit que lui. L’individu se livre à plusieurs activités parmi lesquelles la culture des champs, la pêche, la chasse auxquelles s’ajoute le respect du calendrier social du village en ce qui concerne l’effectivité des jours de marché, les jours consacrés aux réunions dans les cases de la chefferie, celles réservées aux danses ou aux sociétés secrètes (les sociétés des initiés possesseurs de totems dans lesquelles appartient Pondah).

La mort trouve une grande place dans l’œuvre Pondah et lui donne une valeur tragique. Si des aspects de la culture funèbre ou funéraire sont évoqués, en prennent une large part les conditions et les procédures de l’autopsie traditionnelle et la gestion sociale de la mort. Les rites de veuvage et les cérémonies de levée de veuvage ainsi que celle réservée aux conditions de lamentations accompagnant la mort plongent le lecteur au cœur de la culture bamiléké.

DU GLOBAL DANS L’ŒUVRE PONDAH  DE LOUIS MARIE ONGOUM

 

Si l’on peut nommer par global par symétrie au globe et par déduction à la culture largement partagée et vécue dans la globalité des pays du monde par l’intermédiaire d’une certaine globalisation ou mondialisation de la culture dite occidentale, il existe très peu d’exemples de cette culture globale dans l’œuvre Pondah de Louis Marie Ongoum.

L’une des rares évocations qui introduit une césure entre la réflexion traditionnaliste et celle moderne se réalise dans un conflit presque générationnelle dans la discussion entre Pondah et sa mère Chubwet. Cette dernière, dans une discussion qu’ils ont, lui dit :

Non, tu ne peux pas comprendre, tu raisonnes à votre manière de maintenant, tu vois avec vos yeux d’aujourd’hui, les yeux d’un jour. Nous, les vieilles personnes, nous voyons avec les yeux de l’expérience. Celle-ci nous montre qu’il n’existe pas de hasard et que tout comporte une signification

Cette réflexion introduit l’idée de rationalisation du monde et des évènements inexplicables à la manière de l’occidental. Elle introduit dans l’utilisation des termes, maintenant/aujourd’hui par opposition à vieilles/expérience, les traces de la rencontre et le choc des idées qui meublent l’espace traditionnel et moderne.

Ce choc est dénoté par la lutte interne qui marque le refus et le doute de Pondah d’être promis à un enfant (Pehmba) et le refus et la lutte interne qui se manifeste en Pehmba à la révélation de ce qu’elle fut promise avant sa naissance à Pondah qu’elle ressent ne pas aimer.

Cependant le global à travers l’expression de l’universalité de l’amour autant que la mort semble perdre pied dans une localité et une traditionalité à outrance n’ayant d’égal que le caractère impétueux qu’il a sur le commun des personnages. Au regard de cela, pourrons nous dire en reprenant un propos d’Anna Dimitrova, Louis Marie Ongoum ne nous parle que sous la férule de cette sagesse largement répandue : « Penser global, agir local »

L’ŒUVRE PONDAH EST-ELLE UNE ILLUSTRATION DE LA TRANSCULTURALITE DE LA LITTERATURE ?

Parler de la transculturalité d’une œuvre littéraire c’est se souvenir au préalable que la littérature est en avance sur son temps. Plus amplement, elle anticipe et conçoit son propre temps et son monde dans une logique conceptuelle.

Le terme « transculturalité » est entendu comme le recours à des modèles culturels ou à des fragments de cultures appartenant à une autre culture et formant une hybridité. Ces modèles ne peuvent être perçus comme les éléments identitaires d’une région ou même d’une nation, c’est un amalgame, un mélange constamment mixage de cultures et modèles contradictoires. Là naît un conflit poussant l’individu au choix répulsif, intégratif ou subversif. La plupart de fois, celui-ci se dirige vers une négation de son identité première étant donné qu’après la rencontre d’autres cultures il n’est jamais plus tout à fait le même.

S’agissant de l’œuvre Pondah, le rapport de plusieurs cultures n’est pas évident même si des conflits d’idées sont quelque peu visibles. Une tradition, celle du peuple Weg-Nok, ayant tous les traits culturels du pays bamiléké, est seule à être présente. Les personnages sont d’ailleurs tous issus de ce peuple et le roman ne semble pas présenter dans l’atmosphère tragique des évènements d’une rencontre quelconque de ces personnages avec quelque étranger qui pourrait influencer de quelque manière que ce soit leurs comportements.

La transculturalité peut être manifeste, à travers le choix de l’auteur, en son temps, de se dessaisir des préoccupations de son monde qui l’entoure pour illustrer une vie traditionnelle et culturelle condamnée à redéfinir ses propres principes de vie afin de ne pas se zombifier ou de perdre pied dans un temps qui est résolument dépassé.

Il est certain que par la mort tragique des personnages, un certain enfermement dans le traditionnel sans ouverture vers l’extérieur est décrié. Le temps des destinées singulières étant révolu, une sorte d’ouverture vers d’autres peuples serait proposée au peuple Weg-Nok pour se donner un peu plus de contenance et de ressources afin d’embrasser le monde dans toutes ses potentialités au lieu de s’abandonner à la mort.

L’ouverture de la tradition vers la modernité, prend le canal et la mesure de l’écriture qui ne tue pas la tradition orale mais lui donne plus de force en la consignant dans les cimes du temps pour la rendre un peu plus éternelle que ne l’auraient permis la transmission de bouche à oreille et la faiblesse de la mémoire.

Le transculturel se définirait donc ainsi : un trait d’union entre la tradition et la modernité serait à trouver dans une assumation de la vie sans enfermement à soi même et un rapport de la mémoire collective au projet d’écriture de ses menus actes pour la conservation de l’histoire pour les générations à venir.

 

CONCLUSION             

            Il était question dans tout notre travail de dire ce qu’il y avait de local et de global dans l’œuvre Pondah de Louis Marie Ongoum. Aussi, il était question de dire si cette œuvre était une illustration de la transculturalité de la littérature.

Si s’agissant du local, nous avons montré que l’auteur avait insisté longuement sur tous les aspects de la vie de l’homme bamiléké allant de sa naissance, en passant par sa vie dans la société et sa mort, le global s’est beaucoup plus appesanti vers une lecture d’une opposition des idées et une articulation universelle des thèmes de la mort et de l’amour. Quant au transculturel de la littérature enfin, nous l’avons perçu dans le message qu’aurait pu vouloir transmettre Louis Marie Ongoum : celui du non enfermement dans les traditions. Mais, dans leur usage sage et mesuré dans une ouverture consciente des valeurs identitaires africaines à préserver à tout prix. Vivre en société, impliquerait donc pour lui une moralité : « Penser global, agir local ».

 

 

 

  C. R. Larson, Panorama du roman africain, Bloomington Indiana, Indiana University press, 1989, p.12.

  Notons ici, que la date de publication de cette œuvre de Louis Marie Ongoum est 1989, date marquée déjà par les amorces de la crise économique et donc symbolisant une année de récession dans plusieurs secteurs de la vie sociale du pays.

Selon Anna Dimitrova dans son article « Le « jeu » entre le local et le global : dualité et dialectique de la globalisation », le local, c´est en règle générale le village, le quartier, la commune, parfois même la région ; c´est là où nous possédons des bases réelles de tradition et d’identification, in Socio-anthropologie [En ligne] , N°16 | 2005 , mis en ligne le 24 novembre 2006, URL : http://socio-anthropologie.revues.org/index440.html

  Lire L.M.Ongoum, Pondah, Yaoundé, Editions de la SOPECAM, 1989, pp. 20-21.

  Idem, p. 13.

Ibidem, p. 100.

  L.M.Ongoum, op. cit., p. 11.

Idem, p. 100.

Ibidem, p.15.

  Déjà cité, voir supra.

Publié dans Littérature

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